Deux hommages

1. Elégie, Hommage à Constantin Regamey pour orchestre à cordes opus 76

Compositeur: Julien-François Zbinden
Date de composition: 1987
Durée: 7'
Dédicace: A Hanka Regamey

Création
Date: 7 décembre 1987
Lieu: Théâtre de Beaulieu à Lausanne
Interprète(s): Orchestre de Chambre de Lausanne, Lawrence Foster (direction)

Edition: Manuscrit

Note

C’est à l’instigation du Professeur Fernand Cardis, président-fondateur de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, que cet orchestre décida de maquer, au cours du 5e concert de l’abonnement de la saison 1987-1988, le cinquième anniversaire de la mort du regretté compositeur Constantin Regamey, décédé le 27 décembre 1982, après avoir passé son existence à Lausanne dès son retour de Pologne en 1944.

Le concert fut fixé au 7 décembre 1987 au Théâtre de Beaulieu à Lausanne sous la direction de Lawrence Foster. A cette occasion, le Professeur Cardis demanda à quelques amis d’écrire une courte pièce en guise d’hommage, devant compléter une première partie qui débuta par Autographe de Regamey, oeuvre dédiée à Victor Desarzens et à l’OCL. C’est ainsi que deux de ses amis répondirent favorablement : Jean Balissat, qui avait orchestré la dernière oeuvre Visions sous la dictée du compositeur alité, et Julien-François Zbinden qui fut constamment en étroite relation avec lui par la Société Internationale de Musique Contemporaine (SIMC), le Comité de l’Association des Musiciens Suisses (AMS) et la Radio Suisse Romande.

Voici ce qu’écrit Julien-François Zbinden :

La mort de Constantin m’a fait perdre un frère en composition. Pourtant, nos esthétiques n’avaient absolument rien de commun. Mais je crois pouvoir affirmer que notre estime réciproque, elle, était une forme supérieure de communion. L’avant-gardiste éclairé qu’il était n’avait rien perdu de sa sensibilité, de son humour, de son intelligence et surtout de sa tolérance. Et je ne peux oublier la leçon de courage exemplaire qu’il nous a donnée face à sa maladie et face à la mort. Jusqu’au dernier moment, il ne s’est départi du charme de son sourire, de la chaleur de sa tendresse.

C’est la raison pour laquelle j’ai été heureux d’écrire cette courte Elégie, tout entière structurée sur les trois consonnes du patronyme Regamey : R (Ré), G (Sol allemand), M (Mi). Ce motif, exposé tout d’abord sur un fond transparent de sons harmoniques, imagine la solitude profonde de l’être face au destin. Puis se déroule l’élégie proprement dite, plainte douloureuse, puis véhémente, et enfin révoltée. Le motif reprend pour s’insurger à nouveau contre la destinée.

Puis enfin, l’acceptation dans la douceur alors qu’apparaît, dans le grave, une fanfare funèbre sur fond lointain de cloches, accompagnant l’âme de l’ami vers sa demeure dernière. L’œuvre s’achève par un choral apaisé, mais porteur de la tristesse résignée de ceux qui restent, de tous ceux qui ont aimé ce grand vaudois au prénom impérial, homme-paradoxe aux dons magistraux, figure exceptionnelle de la culture romande enrichie et fécondée par une connaissance et une approche rares de la vie musicale internationale.

Je dédie ces quelques mesures à Madame Hanka Regamey, son épouse, qui, elle aussi, nous a donné une autre leçon : celle de la fidélité aimante et combattante.